Ce numéro de “Explique-moi l’économie” présente la révolution marginaliste. Celle-ci est l’œuvre de trois auteurs, William Stanley Jevons, Carl Menger et Léon Walras, qui, séparément, mettent au jour un nouvelle loi, la théorie de l’utilité marginale décroissante.
Nous développons d’abord en quoi consiste ce concept d’utilité marginale décroissante. L’utilité marginale décroissante d’un bien signifie qu’à mesure que la consommation d’un bien augmente, l’utilité totale pour le consommateur augmente, mais de moins en moins rapidement.
Ce concept d’utilité marginale décroissante permet alors le développement d’une nouvelle théorie de la valeur fondée sur l’utilité marginale décroissante et sur la rareté relative des biens. Cela permet de résoudre le paradoxe de l’eau et du diamant de Smith : l’eau a une faible valeur d’échange parce qu’il s’agit d’un bien où l’utilité marginale est faible et le bien est abondant, le diamant a une valeur d’échange élevée parce que son utilité marginale est élevée et le bien est disponible en faible quantité. Il est également possible de définir le niveau des prix relatifs entre différents biens, deux biens vont s’échanger au niveau où leur utilité marginale pondérée par les prix est égale.
Cette notion d’utilité marginale décroissante a trois conséquences sur l’analyse économique. D’abord, elle donne lieu à la révolution marginaliste avec la nouvelle théorie de la valeur que nous venons de décrire ; ensuite, elle apporte un fondement théorique à la loi de la demande en expliquant pourquoi la demande d’un bien n’augmente que si son prix baisse ; enfin, elle montre qu’il n’y a qu’un seul prix, le prix de marché, ce qui invalide donc la théorie de la gravitation de Smith où le prix de marché gravite autour du prix naturel.
Cette révolution marginaliste entraîne l’abandon de la théorie classique et donne naissance à la théorie néoclassique, qui sera développée notamment par Walras avec la théorie de l’équilibre général et par Marshall avec une analyse en équilibre partiel.