Être enseignant, c’est d’abord une vocation. Plus qu’un métier, c’est un engagement ! Engagement à enseigner, bien sûr, mais aussi à accompagner des jeunes en devenir et à rendre le monde meilleur à travers eux. C’est cet investissement, voire ce surinvestissement, qui fragilise certains profs jusqu’à les épuiser, au risque de se retrouver en burnout. Mais la société n’est pas neutre dans cette histoire et notre responsabilité est peut-être collective…
Le burnout est un état de stress chronique, qui – s’il persiste dans le temps – mène à l’épuisement physique et émotionnel de la personne. Il se manifeste par de l’anxiété, de la culpabilité, de l’irritabilité, accompagnés d’un sentiment d’impuissance et d’inefficacité et d’une perte de sens. Cet état peut conduire à une dépression sévère. C’est pourquoi, il faut nous interroger et s’intéresser tôt au burnout et à ses signes avant-coureurs.
« Ça a probablement toujours existé, nous explique Catherine Schwennicke, psychologue et formatrice, mais le phénomène s’est amplifié. C’est la conséquence d’une société qui pose trop d’exigences professionnelles et qui ne donne pas assez de moyen pour y répondre. ».
Le malaise existait déjà, face à la pénurie d’enseignants, le pacte d’excellence, la pression éducative, etc. Il est certainement renforcé par l’accélération de notre époque, critiquée par Hartmut Rosa, sociologue et philosophe. La précarité du métier produit aussi son lot d’incertitudes et de stress, surtout pour les jeunes enseignants non nommés. Pour l’auteure d’une opinion publiée anonymement [1], occuper un poste « de pénurie » sans les titres requis est non seulement mal payé pour un travail intensif de mise à niveau dans telle ou telle matière, mais fait courir le risque de le perdre du jour au lendemain !
Laetitia Paternostre, psychologue et formatrice également, y voit « un fait de notre société de compétition qui pousse sans cesse au dépassement de soi, une injonction à faire toujours plus, toujours mieux, avec moins ! »
[1] « Enseignante et … remerciée la veille de la rentrée », opinion publiée dans La Libre du 7 septembre 2021.
La crise sanitaire a encore amplifié ce phénomène avec ses changements de rythme, la distanciation par rapport aux élèves, ses exigences techniques et ses réunions à distance entre collègues. Alors qu’il s’agit d’un métier essentiellement relationnel. La question de la santé mentale a été beaucoup évoquée l’année scolaire dernière, mais elle demeure toujours d’actualité.
« La crise sanitaire a entrainé une perte de maitrise, une perte du lien social. Je pense que beaucoup de profs se sont adaptés et ont essayé de transmettre le programme, mais à des jeunes peu présents et peu réceptifs aux apprentissages. Les vacances n’ont pas suffi, certains d’entre eux n’en peuvent plus. », poursuit Catherine Schwennicke. Il ne faut pas oublier que dans l’enseignement, outre les exigences institutionnelles et celles du programme, s’ajoutent les exigences des parents, le manque de reconnaissance et de moyens. Certains enseignants peuvent se sentir écrasés sous le poids des attentes de résultat par rapport à des objectifs inatteignables. Et ils souffrent de ce regard social parfois dévalorisant.
Les enseignants ont avant tout besoin de considération et de soutien. En prévention du burnout, un accompagnement de type coaching ou thérapeutique peut les aider à se reconnecter à leurs besoins et leur prodiguer des conseils sur tout ce qu’ils peuvent faire pour éviter d’en arriver là.
Un regard extérieur pourra les aider à recréer un équilibre entre les aspects physique, émotionnel et cognitif de l’épuisement. En effet, trop souvent les enseignants pensent qu’ils se reposeront aux prochaines vacances, alors que le corps a besoin de se reposer chaque jour ! Sur un plan émotionnel, il s’agit d’apprendre à gérer son stress, renforcer sa confiance en soi, se libérer de son perfectionnisme et de son besoin de reconnaissance. Et au niveau cognitif, alléger la charge mentale, diminuer l’esprit de compétition et cesser le multitâche feront partie des solutions.
Pour retrouver le sens et le plaisir dans leur métier, nos profs (et nos enfants !) ont besoin d’une réduction de la pression sur les résultats, d’être autorisés par la société à (re)mettre de la joie, du jeu et du sens dans les activités qu’ils proposent à leurs élèves, à nourrir le relationnel, à se donner du temps, sans renoncer à l’exigence d’un enseignement de qualité.
Et cela afin d’éviter la réalisation de la prophétie sous-jacente au récent ouvrage de Iannis Roder, directeur de l’observatoire pour l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès : « Prof, mission impossible ? ».
Caroline Waucquez, Directrice et Responsable pédagogique de Learn to Be
Consultez la page de notre formation « Burn out ? Je gère ! » et contactez-nous pour organiser cette formation ou bénéficier de séances de coaching (à distance).
https://learntobe.be/fiches-formation/burn-out-je-gere/?et_fb=1&PageSpeed=off