OOTBTop

L’anxiété de performance à l’arrivée au secondaire : un mal généralisé

Publié le 10 mai 2020 sur RIRE par Isabelle Plante, Ph.D., professeure Université du Québec à Montréal


    Plusieurs décennies de recherche révèlent que le passage du primaire au secondaire est une période difficile pour de nombreux élèves. En effet, cette transition scolaire s’accompagne de changements importants auxquels les élèves doivent faire face, incluant la nécessité de jongler avec plusieurs cours et enseignants, ce qui entraîne entre autres une hausse du nombre et de la difficulté des travaux et des évaluations. Cette augmentation, non seulement des travaux et des évaluations, mais aussi des attentes de performance, est susceptible de causer de l’anxiété de performance se traduisant par différents symptômes, par exemple des nausées, des émotions négatives et des ruminations (Putwain et Symes, 2012). Cette forme d’anxiété spécifique aux situations d’évaluation toucherait davantage les filles que les garçons. Le présent article résume les résultats d’une recherche effectuée au Québec qui a permis de documenter la prévalence de l’anxiété de performance vécue par les garçons et les filles amorçant leur secondaire.


Méthodologie et résultats de la recherche

        La professeure Isabelle Plante, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et ses collaborateurs Frédéric Guay et Annie Dubeau, respectivement de l’Université Laval et de l’UQAM, ont mesuré l’anxiété de performance de 1 355 élèves de première secondaire (674 garçons et 681 filles) au début et à la fin de leur première année du secondaire. Ces élèves ont été recrutés parmi 11 écoles secondaires privées ou publiques, situées principalement en régions semi-rurales et accueillant des clientèles diversifiées sur le plan socioéconomique.

        Les élèves participants ont été invités à répondre à des questions pour indiquer à quelle fréquence ils vivaient de l’anxiété de performance (ex. de question : « Durant les examens, je deviens si nerveux[se] que j’oublie ce que je sais. »). Sur la base de leurs réponses, les élèves ont été répartis selon la gravité de l’anxiété de performance (AP) qu’ils vivent. La figure 1 présente les résultats obtenus :

Tableau 1 :

Trois principaux constats émanent de ces résultats :

  • Environ 40 % des garçons et des filles éprouvent de l’anxiété de performance à un niveau modéré;
  • Les filles sont environ deux fois plus nombreuses que les garçons à vivre de l’anxiété de performance à un niveau élevé : on compte environ 30 % de filles contre 16 % de garçons dans cette catégorie;
  • Le niveau d’anxiété de performance varie peu entre le début et la fin de la première année du secondaire, autant pour les filles que pour les garçons.

Recommandations

        Sur la base de ces résultats, les chercheurs ont émis trois pistes d’intervention destinées aux enseignants et autres intervenants en milieu scolaire, afin de prévenir et de limiter l’anxiété de performance chez les élèves :

  • Outiller les élèves pour la gestion du stress et de l’anxiété : Pour ce faire, les enseignants peuvent aborder explicitement en classe ces problématiques et leurs effets physiologiques et cognitifs. Ils peuvent aussi inciter les élèves à se détendre avant les évaluations, par exemple en réalisant des exercices de relaxation ou en faisant du sport.
  • Fournir aux élèves des occasions de pratique des épreuves d’évaluation: Le fait de connaître le contexte et le type d’évaluations réduirait la perception de nouveauté et d’imprévisibilité qui peuvent augmenter l’anxiété de performance des élèves.
  • Offrir un contexte de classe qui réduit la pression de performance et la comparaison sociale entre les élèves: Une piste pertinente pour parvenir à cette fin consiste à permettre aux élèves de se reprendre lors des évaluations et de valoriser les efforts et les progrès de tous les élèves, peu importe leur rendement.

Conclusion

        Dans l’ensemble, plus de la moitié des élèves de première secondaire, peu importe leur genre, vivent de l’anxiété de performance à un niveau modéré ou élevé, alors que les filles sont près de deux fois plus nombreuses que les garçons à vivre un niveau élevé d’anxiété de performance. Ces constats sont préoccupants et soulignent la nécessité de mobiliser des efforts à l’école pour limiter l’anxiété de performance et ainsi favoriser le bien-être psychologique des élèves. 



CTREQ (2020). "L’anxiété de performance à l’arrivée au secondaire : un mal généralisé."   Repéré sur https://rire.ctreq.qc.ca/anxiete-de-performance-secondaire/


Références

Putwain, D. W. et Symes, W. (2012). Achievement goals as mediators of the relationship between competence beliefs and test anxiety. British Journal of Educational Psychology82, 207–224. https://doi.org/10.1111/j.2044-8279.2011.02021.x

Plante, I., Dubeau, A. et Guay, F. (2019, mai). Comprendre l’effet « Gros poisson-petit bassin » lors de la transition du primaire vers des écoles secondaires avec ou sans sélection sur le concept de soi, la motivation, l’engagement, la réussite et les aspirations scolaires des élèves (publication no 2014-RP-17927).




Consentement d'utilisation des Cookies

J'accepte Je refuse Notre site sauvegarde des traceurs textes (cookies) sur votre appareil afin de vous garantir de meilleurs contenus et à des fins de collectes statistiques.Vous pouvez désactiver l'usage des cookies en changeant les paramètres de votre navigateur. En poursuivant votre navigation sur notre site sans changer vos paramètres de navigateur vous nous accordez la permission de conserver des informations sur votre appareil.