Par Bruno HUMBEECK*

André Antibi (Wikimedia Commons)

      "Les examens provoquent des mécanismes par lesquels un enfant peut très facilement se déclarer par exemple nul en math. Ces mécanismes peuvent s'avérer très destructeurs pour l'estime de soi quand très vite, il est alors tenté de passer dans sa tête de "nul en math" à "bête en tout"...

      Or, pour préserver le plaisir d'apprendre des enfants, il est impératif qu'ils ne perdent jamais confiance ni en eux, ni dans les adultes, ni dans les institutions, pour pouvoir continuer à oser s'aventurer de manière active dans les apprentissages et se sentir valorisés dans cet acte de découverte du monde qu'ils sont invités à réaliser chaque fois qu'ils se rendent à l'école.

       Il faut donc faire de l’évaluation un moment d’apprentissage et refuser qu’elle n’agisse pas comme un quelconque levier de disqualification ou de discrimination de façon à ce qu’aucun élève ne perde confiance en lui-même, en l’école et en tout ce qui participe à la poursuite de son parcours d’apprentissage... C’était le combat de toute la vie d’André Antibi, ce mathématicien pédagogue dont les travaux ont révélé la constante macabre, cette tendance funeste à établir la note d'une classe en fonction d'une courbe de Gauss qui, à chaque évaluation, condamne une partie des élèves à échouer gagne évidemment à être neutralisée si on souhaite vraiment faire de l’évaluation un moment d’apprentissage et éviter qu’elle n’agisse aveuglément comme un levier de disqualification ou de discrimination qui frappe évidemment les plus fragiles des élèves en décourageant leur désir d'apprendre et en parasitant durablement l'estime dans laquelle ils se portent.

       Décédé ce 20 mai, cette chronique lui est évidemment dédiée parce que lorsqu’un  pédagogue de cette qualité disparait, vous ne pouvez que chercher toutes les voies possibles pour faire survivre ses idées et quand, en plus, un être humain qui a si joliment exercé son métier d’homme vous a fait l’honneur de partager avec vous sa dernière conférence, vous restez marqué à jamais par l’idée que votre voix doit également servir à prolonger la sienne...

-> Pour en savoir plus sur la constante macabre, visionnez cette vidéo. ;-)

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