Travailler de manière autonome, ce n’est pas se débrouiller seul, tirer son plan sans l’aide de personne en faisant ce que l’on peut avec ce que l’on a... Non, travailler de façon autonome, c’est se révéler capable de faire appel aux autres quand cela s’avère nécessaire en s’appuyant sur les ressources qu’ils mettent à notre disposition pour avancer le mieux possible en demeurant soi-même acteur de ses apprentissages.
Travailler de manière autonome, cela ne veut évidemment pas dire solliciter les autres à tout bout de champ, pour un oui ou un non, parce que l’on se sent fondamentalement incapable d’agir seul et de réussir quoi que ce soit sans être aidé mais cela ne signifie pas non plus que l’on ne doit compter que sur soi-même quand on se trouve en difficulté.
Travailler de manière autonome c’est une façon de trouver cet équilibre subtil entre la progression solitaire de celui qui pense qu’il ne doit compter sur personne s’il souhaite avancer vite et l’évolution solidaire de celui qui mesure que l’on va généralement plus loin quand on a appris à s’appuyer sur les qualités partagées de ceux qui nous entourent.
Des idées d'ateliers et des activités en autonomie? C'est ici!
Un petit élève qui s’engage dans les “ateliers d’autonomie” mis en place par Mme Tiphaine, c’est un enfant qui comprend que les apprentissages les plus solides sont ceux qu’il réalisera par lui-même en sachant qu’il peut compter, chaque fois qu’il se sent un peu embourbé dans de fausses pistes, sur un adulte qui le guidera vers des voies mieux carrossables.
Des ateliers d’autonomie, ce sont des ateliers au cours desquels l’enseignant réussit la gageure d’affirmer sa présence sans envahir tout l’espace. L’atelier d’autonomie, c’est alors une façon de mettre en place un cadre sécurisant qui invite l’enfant à oser apprendre, un environnement stimulant qui l’incite à avoir envie d’entreprendre et une présence adulte qui indique comment s’appuyer sur l’aide que celui-ci peut nous donner en ayant néanmoins l’impression de ne jamais en dépendre.
C’est donc sans doute cela l’autonomie à l’école : un prodigieux mélange qui associe l’audace d’entreprendre et le plaisir d’apprendre auprès d’un adulte dont on a le souci de ne pas dépendre.
C’est sans doute par ailleurs aussi à cette autonomie-là que faisait référence Maria Montessori chaque fois qu’elle utilisait sa phrase préférée : “Aide moi à faire tout seul” pour décrire la posture dans laquelle l’enfant souhaite maintenir l’adulte pour en faire un réel support d’apprentissage tout en conservant le sentiment d’apprendre par lui-même.
Etre présent sans faire à la place, indiquer sans prescrire, guider sans diriger... Cette attitude nuancée, cette posture d’équilibriste, c’est précisément celle dans laquelle se tient Mme Tiphaine dans ses ateliers d’autonomie lorsqu’elle décline, avec toute la finesse dont une enseignante peut faire preuve, en une fois le double sens du mot “apprendre”. Elle définit en réalité ce chaque fois qu’elle fait de l’art d’enseigner celui de mettre l’enfant en situation d’apprendre par lui-même sous le regard bienveillant et sécurisant d’un adulte qui veille à le guider sur le chemin parfois un peu caillouteux des apprentissages...
C’est exactement comme cela que dans une écoles aux pédagogies multiples et variées, on se met à hauteur d’enfants pour permettre à chacun d’eux de progresser à son rythme à l’intérieur d’un collectif qu’on appelle une classe...
* HUMBEECK Bruno est psychopédagogue et auteur de nombreuses publications dans le domaine de la prévention des violences scolaires et familiales, de la maltraitance, de la toxicomanie et de la prise en charge des personnes en rupture psychosociale et/ou familiale. Il travaille à l'université de Mons.