Publié par Bruno Humbeeck* le 07/12/2022

        "Xiucai, talent en fleur... C'est comme cela que dans les écoles mandarinales du XVIIIème siècle on appelait le premier niveau d'enseignement, celui qu'il fallait franchir avant de s'attaquer aux "classiques" en devenant un "mingjing" capable de s'ouvrir ensuite éventuellement la voie vers le statut d'érudit avéré (jinshi)

        Un talent en fleur qui se frotte aux classiques pour devenir un érudit avéré... Xiucai, mingjing, jinshi... Les mots sont beaux quand ils nous viennent de loin et l'image d'un talent en fleur est particulièrement jolie pour évoquer celui qui, au seuil d'un apprentissage, est, dés ses premiers pas, considéré comme dépositaire d'un talent qui ne demande qu'à éclore...

        Les cultures asiatiques ont, il faut le dire, davantage le sens des mots que les nôtres. 

        D'ailleurs, à la même époque, au XVIIIèmes siècle , les Jésuites, déjà en quête d'excellence bien avant le pacte qui en a pris le nom, après un voyage en Chine avaient été séduit par les écoles mandarinales... Ils ont dés lors souhaité s'en inspirer pour l'organisation de leur enseignement mais les noms qu'ils ont choisi pour évoquer les différents niveaux étaient cependant, convenons-en, nettement moins poétiques. 

        En distinguant les "optimi" autorisés à intégrer la classe supérieure, les "dubii" (les incertains) admis à l'essai et les "inepti" (jugés inaptes et exclus du collège), ils mettaient clairement sur les rails l'idée d'un enseignement élitiste (comme les écoles mandarinales) fondé sur l'émulation des plus forts et la disqualification infamante des plus faibles...

        Mal nommer les choses, c'est ajouter à la violence du monde... Nommer sans poésie, c'est aussi une façon de délester ce monde de sa douceur possible...

        Pour ma part, je voudrais que l'on parle plus à l'école de talents en fleur et moins d'élèves incertains ou inaptes... Le monde scolaire d'aujourd'hui s'en trouverait sans doute plus agréable à cultiver et les germes du monde de demain qu'il contient n'en seraient que plus prometteurs..."

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* HUMBEECK Bruno est psychopédagogue et auteur de nombreuses publications dans le domaine de la prévention des violences scolaires et familiales, de la maltraitance, de la toxicomanie et de la prise en charge des personnes en rupture psychosociale et/ou familiale. Il travaille à l'université de Mons. Retrouvez ces publications sur son site : www.outilsderesilience.eu

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