Amener les élèves à l'autonomie pour se centrer sur les apprentissages

Article original publié par les CEMÉA en octobre 2022

        L’AU-TO-NO-MIE: la grande star des projets pédagogiques. C’est la promesse la plus répandue au sein des projets pédagogiques des établissements. Et c’est tout à leur honneur, puisque l’autonomie constitue une authentique compétence à acquérir pour les futur-e-s adultes en devenir que sont les enfants. C’est aussi une injonction sociale prégnante. Pourtant, une confusion persiste autour de l’autonomie et de son acquisition. Souvent considérée comme un apprentissage, comme une succession de tâches que les enfants sont capables de faire seul-e-s sans l’adulte, l’autonomie s’avère être plus subtile et plus passionnante.

        Selon le Petit Robert, l’autonomie se définit comme « une faculté à agir librement». Capacité d’action et liberté se conjuguent, intégrant les questions de choix, de jugement, de détermination. Au-delà de la compréhension de leur environnement et de l’établissement de repères, l’autonomie des enfants ne peut se résumer à du rangement et à l’application de consignes.

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        Pour les adultes, et particulièrement à l’école, l’intérêt à ce que les enfants fassent seul-e-s une série de tâches est essentiel. Dans une collectivité de jeunes enfants, au plus vite les enfants maîtrisent le fonctionnement, l’environnement, le déroulé de la journée, les activités… au mieux l’attention et l’énergie de l’adulte sont disponibles aux apprentissages formels et à la gestion de la vie en collectivité. Mais nommons les choses telles qu’elles sont: il s’agit plutôt d’une forme de... conditionnement. Loin d’être un gros mot ou une critique déguisée, le conditionnement est un outil pédagogique utile qui entretient aussi l’autonomie. Prenons l’exemple du manteau. Lorsqu’il est l’heure de la récréation, que l’enseignant-e envoie les enfants chercher leur manteau, qu’elles-ils l’enfilent, le ferment seul-e-s et sortent, on peut dire qu’ils-elles sont conditionné-e-s : c’est une habitude prise, intégrée et maîtrisée. Ce qui fait autonomie dans cette action, c’est que l’enfant comprend le moment qui suit (la récréation), choisit ou non de porter son manteau en fonction de la météo, sait où aller le chercher, l’enfile seul ou connaît la personne à qui il peut demander de l’aide... Dans ce cas, il exerce sa faculté à agir librement. L’autonomie est donc un processus extrêmement complexe qui s’inscrit dans le temps et se déploie en fonction du développement des enfants.

« Il n’existe pas un apprentissage de l’autonomie : on ne rend pas l’enfant autonome... il le devient, accompagné dans son évolution par des adultes attentifs et bienveillants » Judith Falk, 2005.

        Cheminer vers celle-ci nécessite alors des conditions et un investissement de la part des adultes. Bon nombre de choses sont déjà mises en place dans les écoles pour aider les enfants à se structurer, à comprendre leur environnement physique, spatial et temporel. Mais pour permettre l’acquisition de l’autonomie, il est parfois nécessaire de sortir de sa zone de confort. Lorsque les enfants posent de vrais choix en fonction d’elles-eux-mêmes, les adultes peuvent être déstabilisé-e-s. En effet, avoir la possibilité de choisir, c’est une autre manière d’alimenter les capacités d’autonomie. Attention, il ne s’agit pas de laisser faire n’importe quoi aux enfants... Il s’agit de proposer des fonctionnements au sein desquels les enfants pourront s’entraîner à choisir et à expérimenter les conséquences de leur choix. Prenons par exemple, le cas d’ateliers à options. Si un enfant décide de s’inscrire à un atelier dont l’échéance est la fin de semaine et qu’au fil des journées, il se dirige vers d’autres apprentissages, il ne sera pas allé au bout de ce qui lui était demandé et de son engagement. Il est intéressant alors que l’adulte intervienne pour discuter avec l’enfant des raisons de sa non-participation à l’activité. De cette manière, il accompagne l’enfant dans la découverte des conséquences de ses choix et de l’exercice de sa responsabilité, et donc, dans l’appropriation de sa capacité d’autonomie. Développer celle-ci est impossible seul. Le rôle de l’adulte est primordial: garantir le cadre, les règles, mettre à disposition des enfants des apprentissages variés et nourrissants proches de leur développement et de leurs intérêts. Mais aussi d’observer les enfants et les soutenir, par ses attitudes, ses paroles, dans ce délicat apprentissage.

        Adopter cette posture pour l’adulte s’avère parfois déstabilisante et inconfortable. Elle nécessite d’accepter une position plus observante, souvent en retrait, de travailler sur ses propres peurs et inquiétudes (Si l’enfant a froid dehors ? S’il ne termine pas à temps? S’il n’a rien à montrer à ses parents? Que vais-je faire? ...). Il s’agit aussi d’admettre que les enfants prennent un autre chemin que celui imaginé ou espéré et, surtout, de leur faire confiance et d’être disponible au moment où ils et elles en ont besoin lorsqu’elles-ils se trouvent face à une difficulté ou à un imprévu... C’est alors que les choses deviennent intéressantes : être confronté à ce qui n’a pas pu être anticipéet devoir, à deux ou à l’aide du groupe, gérer une situation en acceptant de ne pas tout savoir et en laissant l’enfant (ou les enfants) être porteur de solution(s). L’adulte prend dès lors un rôle d’accompagnateur dans le cheminement et les apprentissages des enfants : une belle opportunité pour elles et eux de se connaître un peu plus, d’être reconnu-e-s en tant qu’individu compétent, et une formidable expérience pour les professionnel-le-s de soutenir ce processus!


        Il est certain qu’à plein de moments, nous irions plus vite, nous adultes, si nous faisions les choses nous-mêmes. Mais les apprentissages aussi simples soient-ils, comme faire ses lacets, ouvrir sa boîte à tartines, monter les escaliers… ne peuvent se faire que par de nombreux essais-erreurs. Ceux-ci sont d’autant plus bénéfiques quand l’enfant a réellement le temps de pouvoir s’y essayer, sans pression, dans un climat serein et bienveillant. De plus, en acceptant « de prendre du temps» (et de ne pas en perdre!), nous investissons pour la suite, car nous serons face à des enfants confiant-e-s en leurs aptitudes, habitué-e-s à accepter l’expérimentation et capables de faire des choix. 

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        Bien plus que de la débrouillardise, l’autonomie doit être vue comme une finalité de l’apprentissage. Il s’agit de passer de cette « petite autonomie », réduite au domaine du faire, à la «Grande Autonomie» visant à former des individus adultes pleinement responsables et conscient-e-s de l’être. Une des ambitions (et nécessité) de l’école est de former les adultes de demain et d’offrir à chacun-e une opportunité de pouvoir construire sa place dans un monde en constante évolution pour quelles-ils deviennent des citoyen-ne-s, impliqué-e-s dans la société… et donc autonomes!

ecole@cemea.be

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