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Publié par Bruno Humbeeck* le 10/01/2023

        " Ce qui fait la différence entre les oiseaux qui chantent, comme le rossignol ou le pinson, et ceux qui crient, comme la cigogne et le héron, c’est que les premiers utilisent le chant pour charmer, enjôler, attirer alors que les seconds se servent de leurs cris pour exprimer une menace, générer une peur ou signaler leur autorité sur un territoire. 

           Le cri, peu mélodieux et strident est destiné à faire fuir ou à faire peur alors que le chant, évidemment plus riche sur le plan mélodique et plus harmonieux sur le plan auditif, cherche à faire venir celui ou celle que l’on veut charmer ou à habiller un paysage pour signaler à ses congénères que celui-ci est habité... 

            Les êtres humains sont, de ce point de vue, mieux équipés que des oiseaux. Ils disposent en effet, eux, du double répertoire.  Cela leur permet, pour le meilleur, de chanter des berceuses à leurs enfants de façon à accompagner leur endormissement en les imprégnant du sentiment de le faire dans un territoire tendrement partagé avec des êtres aimants, bienveillants et protecteurs. 

            Cela les pousse aussi, pour le pire, à crier, à hurler et à vociférer quand ils veulent affirmer leur autorité à grand bruit, gronder comme on le fait pour annoncer un orage en laissant imaginer les dégâts qu’il va causer ou menacer comme on le fait avant de fondre sur sa proie...

            C’est pour cela qu’à moins de faire de la peur et de l’anxiété des vecteurs d’obéissance et des arguments de soumission de l’enfant, le cri n’a aucune vertu éducative. 

            Il n’est utile à l’homme que pour manifester une émotion de façon tonitruante, faire fuir face à l’imminence d’un danger tous ceux qu’il menace ou galvaniser une force collective.  Le cri peut alors être de peur, d’alarme ou de ralliement. Il est, dans tous les cas, incompatible avec la communication de tendresse, la manifestation de sollicitude et la transmission de l’intelligence...

            Hurler sa tendresse, beugler pour manifester son affection ou crier pour expliquer, constituent donc des oxymores parce que le cri, à priori, ne sert pas à cela. C’est ce qui explique que, lorsqu’un parent se met à crier lors d’un devoir scolaire, il doit y voir le signe qu’il doit de toute urgence céder le relais à plus calme que lui parce que si le cri n’est pas éducatif, il ne constitue non plus ni un bon vecteur d’apprentissage ni un média approprié d’enseignement...   

            Le cri provoque soit la tétanie, soit la fuite qui sont les réactions les plus appropriées à la peur. Et quand aucune de ces deux réactions n’est envisageable ou que les hurlements ne produisent plus d’effet sur l’enfant accoutumé au bruit de la crierie, le cri qui ne veut plus rien dire devient alors une sorte de conduite évidée de sens qui ne participe qu’à augmenter davantage encore l’énervement de celui qui l’émet...     

            C’est pour cela qu’en dehors des moments où l’on souhaite installer une autorité, menacer ou encourager, le cri ne possède pas de véritable vertu éducative. 

            Hors de ces contextes autoritaires, menaçants ou galvanisants le cri peut aussi, par ailleurs, notamment lors des devoirs scolaires, être l’indice que le parent est débordé par ses émotions... Il est essentiel alors qu’il ne s’en culpabilise pas et qu’il exprime clairement l’émotion qui est à l’origine de la conduite. 

            Un enfant peut en effet sans mal entendre qu’un adulte qu’il aime est, de temps en temps, mis en colère par un de ses comportements mais il conçoit mal que cet adulte cherche à lui faire peur parce qu’il le trouve trop peu performant, le menace parce qu’il ne répond pas assez vite ou considère que son autorité lui permet de le forcer à comprendre ce qui échappe à son entendement...   

            Les cris ne sont pas les formes les plus subtiles, les plus agréables et les plus abouties de la communication humaine. Les enfants  doivent apprendre trés précocement à parler sans crier et comprendre qu’on ne crie d’ailleurs que quand on peine à se faire entendre ou que l’on craint de ne pas être entendu alors que l’on peut trés bien se contenter de murmurer dés lors que l’on s’attend à être écouté..."

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* HUMBEECK Bruno est psychopédagogue et auteur de nombreuses publications dans le domaine de la prévention des violences scolaires et familiales, de la maltraitance, de la toxicomanie et de la prise en charge des personnes en rupture psychosociale et/ou familiale. Il travaille à l'université de Mons. Retrouvez ces publications sur son site : www.outilsderesilience.eu

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