Publié par Bruno Humbeeck* le 02/04/2023
" Il vaut mieux être écouté qu’être entendu. Une voix douce mais assertive, chaleureuse et énergique vaut mieux qu’un ton criard, autoritaire et agressif...
C’est la vitalité de la voix, c’est-à-dire, selon Giacomo Rizzolatti, tout ce que le ton révèle de l’état d’esprit de son auteur, qui compte le plus lorsqu’il s’agit d’obtenir l’adhésion d’un groupe. Sur ce plan là, l’intonation chaleureuse montre davantage d’efficacité que la tonalité vocale qui se veut neutre ou se révèle autoritaire.
Une voix dure et impérieuse prédispose dés lors beaucoup moins les élèves dans une classe à réaliser ce qui leur est demandé qu’une voix chaude et nourrie d’enthousiasme.
Par ailleurs, là où la première entraine un déficit de confiance en soi des élèves, suscite chez eux une forme de défiance, la seconde entraine une meilleure estime de soi des élèves et un sentiment de bien être collectif accru au sein de la classe...
Le côté piégeur de l’affaire réside cependant dans le fait que la voix forte et saillante, en titillant la peur, permet dans un premier temps d’accroître l’attention en donnant l’illusion qu’elle serait plus efficace pour obtenir de la discipline de la part du groupe. Le hic réside dans le fait que ce qui est utile pour obtenir l’attention peut ne pas l’être pour obtenir l’adhésion.
Mieux vaut donc n’élever la voix que lorsqu’il est nécessaire de solliciter l’attention avant de la moduler ensuite pour qu’elle exprime au mieux la vitalité de celui qui parle en communiquant son souci d’interaction chaleureuse, enthousiaste et amicale...
L’idéal par ailleurs, c’est de ne pas avoir à élever la voix parce que l’on aura mis en place des rituels efficaces pour demander explicitement l’attention et inviter à se connecter avec davantage de force dans les moments, nécessairement limités dans le temps, où un surplus de concentration est nécessaire...
Voilà pourquoi ceux qui crient tout le temps non seulement ont tendance à s’épuiser mais tendent aussi à épuiser leur entourage en n’obtenant jamais que l’attention passive de leurs troupe qui éprouve l’impression d’être soumise aux ordres d’un chef.
De l’autre côté, ceux qui mettent régulièrement de la chaleur et de l’enthousiasme dans leur voix obtiennent l’implication active et la participation engagée de ceux qui se comportent alors davantage comme des équipiers désireux de suivre celui qui prend face à eux un rôle de meneur d’hommes... "
Pour en lire plus au sujet de la voix: Les mots de Bruno : un chant d'oiseau
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* HUMBEECK Bruno est psychopédagogue et auteur de nombreuses publications dans le domaine de la prévention des violences scolaires et familiales, de la maltraitance, de la toxicomanie et de la prise en charge des personnes en rupture psychosociale et/ou familiale. Il travaille à l'université de Mons. Retrouvez ces publications sur son site : www.outilsderesilience.eu