Article publié sur L'Ecole branchée le 17 avril 2023 par Laurie COUTURE

Depuis plusieurs années, Louis-Philippe Duchesne et Guillaume Prairie utilisent la plateforme de jeu Minecraft for Education de Microsoft pour créer des situations d’apprentissage. Les enseignants de 5e année à l’école l’Envol, à Lévis (Canada), l’ont d’abord intégrée en univers social et en mathématiques. Maintenant, ils se lancent le défi de l’utiliser dans d’autres matières, comme en sciences et en français.



Image : L'Ecole branchée

Il n’y a pas à dire, lorsqu’on discute avec ces deux gars-là, on sent une chimie, une passion et une volonté de changer les choses. Ils m’ont récemment invitée à observer une activité en français afin de voir le potentiel de Minecraft dans cette matière. C’était aussi l’occasion de voir comment ce jeu pouvait réellement aider les élèves dans leurs apprentissages. Je dois avouer que j’étais sceptique, n’étant pas une « gamer » dans l’âme, mais je me suis fait prendre au jeu assez rapidement! 


LE TRANSFERT ENTRE LES TÂCHES

Combien de fois, lorsque j’étais en classe, ai-je rappelé aux élèves d’utiliser des stratégies, des compétences et des connaissances vues dans le cadre d’une activité précédente afin de compléter une nouvelle tâche. Par exemple, pour répondre aux questions concernant les classes de mots dans un chantier en grammaire, je rappelais aux élèves de se souvenir de ce qu’ils faisaient lors d’un exercice interactif sur le site Alloprof. Ce n’est pas intuitif pour tous de faire ce transfert.  

En utilisant Minecraft, les enseignants que j’ai observés créent des mondes et des tableaux qui se ressemblent selon les tâches. Par exemple, pour un exercice d’association en français, ils réaliseront toujours la même structure de jeu, tout en changeant les questions et les outils. Il est alors beaucoup plus facile pour l’élève de voir le lien entre les tâches, car visuellement, elles sont reliées. 


L’ASSOCIATION VISUELLE

D’ailleurs, l’association visuelle ne se fait pas uniquement entre les tâches. Elle est également présente entre les notions et les éléments du jeu qui sont utilisés pour les illustrer. 

Lors de ma visite, j’ai vu un élève qui devait utiliser un bloc bleu pour identifier le groupe de mots qui avait pour fonction « sujet ». Il allait de soi qu’il ne pouvait pas y avoir deux blocs bleus dans une seule phrase. De ce fait, ils se questionnaient rapidement sur le résultat de leur exercice. Sachant qu’il ne peut pas y avoir plus d’un bloc bleu dans une phrase, si leur réflexion les amenait à faire une erreur, ils pouvaient faire une recherche dans leurs ressources ou lever la main pour s’autocorriger. La rétroaction pouvait se faire instantanément, pas seulement une fois que l’enseignant voit la production finale.  


LA COLLABORATION 

En circulant dans la classe, j’entendais des dialogues pédagogiques. Les élèves discutaient entre eux des stratégies du jeu, parlaient de coffre au trésor, de blocs, de personnages, mais le tout tournait autour de la tâche. Des « As-tu pris tes blocs de complément de phrase? », « Le bloc rouge ici, je pense que tu t’es trompé », ou encore « N’oublie pas de questionner l’archer » faisaient partie des échanges.  

En plus de s’entraider pour finalement passer les trois tableaux (trois tâches qui progressent en difficulté), ils développaient un langage commun, une façon de communiquer qui fait référence à des idées partagées par tous. C’est riche, quand on y pense, un métalangage unique qui a du sens pour ceux qui l’emploient! 


LES TRACES 

Après chaque salle où l’élève avait à répondre à une tâche dans le jeu, il devait prendre une photo pour l’intégrer dans son grimoire (sorte de portfolio). À côté de la photo, il devait expliquer avec ses mots son choix de blocs pour illustrer la composition de la phrase à analyser.  En somme, à la fin de l’activité, l’enseignant reçoit un livre rempli d’images concrètes de la réflexion de l’élève, en plus d’une description provenant de ce dernier. Quel beau contexte pour appliquer son jugement professionnel!

Après cette visite, mon constat est le suivant : le jeu Minecraft permet de créer des situations qui donnent l’opportunité à l’élève d’apprendre, de faire du transfert, de collaborer et de fournir une trace d’apprentissage fidèle à ses réflexions. Si j’étais somme toute sceptique quant à l’utilisation de Minecraft à des fins pédagogiques, me voilà maintenant confondue!

Laurie COUTURE 


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