Publié par Bruno Humbeeck* le 12/06/2022
" Le CEB n’a pas, à l’origine de son fonctionnement, été conçu pour exercer une quelconque fonction de filtre mais pour répondre à un besoin de standardisation des évaluations de fin de premier cycle. Initié en 2006 et rendu obligatoire en 2009, il visait à remplacer l’examen cantonal et interdiocésain qui variaient d’une école à l’autre et présentaient des niveaux différents de difficulté.
Il n’est donc question que de la mise en place d’une évaluation standardisée à partir de laquelle pourraient être proposées pour chaque élève, de façon différenciée, dans des classes plus petites, des remédiations ciblées qui leur permettent d’acquérir les compétences de base non acquises ou acquises de façon trop imprécise pour leur permettre de poursuivre en toute quiétude leur parcours scolaire.
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Il n’est donc absolument pas question de lui faire jouer ce rôle de filtre sélectif que certains discours politiques superficiels et complètement hors-propos, profitant de la confusion qui existe malheureusement encore beaucoup trop souvent dans la tête de beaucoup de parents et d’enseignants, tentent de remettre au goût du jour en présentant le CEB comme une épreuve qualificative qui prendrait la forme d’un examen éventuellement disqualifiant dont il faudrait moduler le seuil de réussite en fonction des exigences de qualité du cursus scolaire du plus grand nombre.
En parlant comme cela, ces politiciens ne font pas que démontrer qu’ils ne connaissent pas grand chose de l’histoire de la pédagogie, ils contribuent à alimenter le stress de toute une génération de parents et, pire que cela, celui des jeunes élèves, des enfants qui, à un moment crucial de leur évolution scolaire, sont déjà amenés à concevoir l’école comme une création monstrueuse impitoyable qui dévore les plus faibles, interdit les erreurs et fonctionne comme une épouvantable machine à générer de l’anxiété chez leur parent et, par ricochet, de l’angoisse chez eux parce qu’ils ne parviennent même pas à nommer ce qui leur fait peur.
C’est pour cela que le CEB doit à tout prix être vécu, lui aussi, comme une évaluation ("sommative diagnostique" dans ce cas) susceptible, en cas d'échec, de faire toute la place à des remédiations. Le présenter comme un "examen disqualifiant" et générer, à partir de là, du stress chez le parent et donc, inévitablement, chez l'enfant ne présente pas d'autre intérêt que de constituer la capacité de gérer le stress comme la composante essentielle de ce qui fait l'objet de l'évaluation...
Les parents, comme leurs enfants, doivent absolument aborder le CEB en étant tout à fait détendus. Présenter le CEB comme une "machine à broyer" - ce qu'il ne doit en aucun cas être - se révèle inévitablement de ce point de vue complètement contre-productif et ne correspond en aucun cas au souci pédagogique qui définit le sens du CEB, celui d'assurer à chaque élève qu'on prendra le temps de l'aider à disposer des bases nécessaires pour poursuivre son parcours scolaire et non pas, évidemment, celui de l'éliminer en cas d'échec... "
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* HUMBEECK Bruno est psychopédagogue et auteur de nombreuses publications dans le domaine de la prévention des violences scolaires et familiales, de la maltraitance, de la toxicomanie et de la prise en charge des personnes en rupture psychosociale et/ou familiale. Il travaille à l'université de Mons. Retrouvez ces publications sur son site : www.outilsderesilience.eu