Par Sophie LEBRUN pour le magazine SYMBIOSES, 139, 2023.
Entretien avec Manuela Guisset, conseillère pédagogique au Louvain Learning Lab de l’UCLouvain1, sur le B.A.-BA de l’escape game2.
Ce jeu plonge les participants dans un scénario, un univers particulier et les met en situation de tension : ils doivent, dans un temps imparti, s’échapper d’une pièce3, ou bien ouvrir un coffre cadenassé, désamorcer une bombe… Pour débloquer la situation, ils sont confrontés à des énigmes. Les joueurs doivent chercher des indices et du matériel disséminés dans la pièce, et comprendre comment les associer : l’escape game comporte de la fouille, des messages à décoder et des cadenas à ouvrir. Une dose (raisonnable) de « magie » aussi : une lampe à lumière bleue qui fait apparaître du texte, un mélange d’ingrédients qui donne une certaine couleur… Le scénario est souvent non linéaire (énigmes à résoudre en parallèle qui s’imbriquent ensuite). C’est un jeu coopératif.
Ce type de jeu, popularisé via les escape rooms, une activité de loisir, a inspiré le secteur de l’éducation, qui l’applique au développement de compétences variées. C’est l’escape game pédagogique.
Des ressources partagées par des collègues sur notre plateforme :
- Escape game sur le thème de Halloween
- Escape game sur le thème des acides et des bases
- Escape game sur le thème de Noël
On fait rentrer un jeu dans la classe, qui plus est un jeu très immersif. C’est motivant, pour les élèves. Un pacte implicite s’établit : on va rentrer dans l’histoire, prendre du plaisir, jouer le jeu. Si le jeu démarre avec une caisse où il est indiqué « Attention, danger d’explosion ! », on sait que ce n’est pas vrai, mais on joue le jeu. En retour, on attend qu’il n’y ait pas de bug qui casse l’immersion4.
La découverte d’une matière associée à une émotion forte favorise l’apprentissage, rend plus efficace la rétention d’informations. Pour autant que l’escape game soit suivi d’un bon débriefing. Au-delà des compétences disciplinaires visées, l’escape game est vecteur de compétences transversales : collaboration, coopération, communication, créativité, esprit critique…
Attention, créer un escape game est une activité chronophage. Quand on débute, mieux vaut utiliser un bon escape game existant, quitte à modifier certaines énigmes.
Prévoir du temps pour installer les éléments du jeu dans un local à l’abri du regard des participants. Bien connaître l’escape game et être dans son rôle dès le début avec, pourquoi pas, une touche de déguisement. Donner très peu ou pas de consignes, mais fournir un coup de pouce si un groupe bloque trop longtemps sur une énigme. Veiller à la dynamique de groupe (ceux qui sont déjà initiés à la mécanique d’un escape game risquent de laisser peu de place aux autres), et à la gestion du temps. A ce propos, on peut très bien ne pas mettre de chronomètre dans un escape game pédagogique : cela ajoute une pression qui n’est pas nécessairement favorable au développement des compétences.
Propos recueillis par Sophie LEBRUN
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