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Cinq professeurs issus d’une reconversion professionnelle ont accepté de répondre à quelques questions. Des parcours professionnels bien différents pour arriver finalement à un but commun et singulier : l’enseignement.
Avant de fouler les salles de classe, ils arpentaient des horizons différents : l'édition, la librairie, le secteur de la logistique et l’HoReCa. Pour certains, comme le rappelle Julie notre première répondante, cette reconversion est née de la recherche de sens et de l'affranchissement des pressions économiques. Rentrer après 19h30 chaque jour, travailler les WE et les jours fériés se retrouvent parmi les arguments ayant amené à une reconversion professionnelle. Le stress, le peu de reconnaissance, le manque d'humanité ont amplement poussé à la reconversion également.
C’est en partie la sensation de se rendre utile qui a poussé certaines personnes à choisir l’enseignement. La flexibilité du milieu avec la vie de famille fut également une raison majeure qui a permis à Emilie de faire le choix de l’enseignement. Renouer avec certaines matières appréciées (comme la littérature) ou pouvoir entamer des études non suivies à la sortie de secondaire font également partie des éléments décisifs dans ce choix pour les autres.
« De plus, en me retrouvant seule avec ma fille, il fallait que mon métier soit compatible avec une vie de maman solo. »
Dans leur transition, les compétences antérieures des répondants s'avérèrent des atouts précieux. De la gestion d'équipes à la connaissance de l’outil informatique, en passant par l'aisance relationnelle ou l'expérience en tant que parents, chaque bagage permet de confectionner les compétences de base du prof actuel. Dans la plupart des cas, la maturité acquise (tant personnelle que professionnelle) a probablement facilité leur insertion dans le monde de l’enseignement.
La gestion de classe, la diversité des élèves et les exigences administratives sont autant d'obstacles à surmonter. Pourtant, ces professeurs naviguent avec assurance, s'appuyant sur leur expérience passée, leur organisation bien rôdée et leur maturité acquise au fil des années.
« Comme j'ai commencé à enseigner à 40 ans, ma maturité me donne également de l'aplomb et de la légitimité face aux élèves. Je suis également très claire sur le cadre et mes attentes (ce qui est aussi une chose que j'ai appris en étant maman et qui marche bien en tant qu'enseignante). Je travaille également beaucoup pendant les périodes de vacances pour ne pas me laisser déborder. »
Et malgré les défis, leur travail trouve récompense dans les satisfactions quotidiennes. Les liens tissés avec les élèves, les retours positifs, et le sentiment d'utilité sont autant de sources de joie et de fierté.
« Le sentiment d'être utile même si je reste lucide, je ne sauve pas le monde ni tous les élèves. »
Pour entretenir la flamme, ils cultivent la curiosité, s'enrichissent de formations et d'échanges avec leurs pairs, tout en gardant en mémoire les moments de réussite. Car enseigner, c'est aussi s'enrichir soi-même, grandir avec ses élèves, et trouver un équilibre entre passion et réalité.
"J'ai eu une formation, j'ai fait la passerelle pour être institutrice primaire... et ensuite, je fais comme tout le monde: je fais du mieux que je peux avec les moyens que j'ai. Avec motivation, avec conscience professionnelle. Je fais mon travail. Par contre, c'est un travail très lourd. Prenant."
À ceux qui envisagent la même reconversion, voici quelques conseils laissés par les répondants. Il faut être prêt à l'investissement (personnel et matériel), à l'adaptation, et surtout à nourrir une véritable passion pour l'enseignement, au-delà des clichés sur les congés scolaires. S’insérer dans un milieu qui évolue rapidement et qui est différent chaque jour est un véritable challenge. Mais pour ceux qui osent, la récompense est à la hauteur de l’engagement : une vie professionnelle riche de sens et de réalisations, où chaque jour est une nouvelle page à écrire.
« On n'arrête pas de travailler, notre vie de famille peut en pâtir, il faut parfois du temps pour trouver une certaine stabilité. Mais lorsqu'on a enfin trouvé sa place et un certain équilibre, on est récompensé de tous nos efforts. Il faut s'accrocher. »
"C'est un métier vraiment dur, prenant. Il y a aussi beaucoup de relationnel et de satisfaction. Il faut être capable de se remettre en question. Réajuster constamment car une année, une classe n'est pas l'autre... mais les sourires, les madaaaaame je t'aime, la joie dans les yeux d'un enfant qui a enfin compris... Tout ça fait partie du métier..."