Remettre en cause la légitimité d’exister de quelqu’un, c’est l’expression ultime du harcèlement, la posture privilégiée adoptée par les dominants non empathiques (je préfère ce terme à celui de « harceleur » parce qu’il met davantage le doigt sur leur insuffisance) face aux dominés qui ressentent très fort le message parce qu’ils sont trop souvent environnés par une sorte de brouhaha négatif à propos d’eux-mêmes qui les incite alors à l’intérioriser en laissant ce sentiment d’illégitimité existentielle s’insinuer profondément en eux.

Chaque enfant, chaque adolescent doit se sentir « digne de découvrir le monde ». Cette confiance en soi minimale, l’institution scolaire doit nécessairement se donner les moyens de la préserver chez chacun. Ce n’est en effet qu’en outillant toutes les écoles que l’on parviendra à maintenir chez chacun le triple lien de confiance dans lequel il doit pouvoir être amené à grandir :

• la confiance en soi profondément abimée lorsque les bases même de la légitimité existentielle sont attaquées
• la confiance en les autres terriblement abîmé lorsqu’ils en viennent à s’attaquer aux vases de la sécurité affective qui s’affirment dans le sentiment de légitimité d’exister
• la confiance dans les institutions, ce troisième lien essentiel mais trop souvent négligé qui, dans une société démocratique digne de ce nom, doit permettre à chacun d’évoluer dans un climat de sécurité effective et affective suffisant pour qu’il puisse y affirmer sans frein sa légitimité d’exister de façon à s’y développer pleinement.