Les “pourquoi” de l’enfant n’attendent pas toujours de réponse. C’est le cas notamment lorsqu’ils sont posés en cascade par un enfant tout petit. Il répond alors davantage a un besoin d’être considéré par l’adulte avec qui il partage le plaisir d’être au monde qu’à un véritable souci de comprendre.
D’ailleurs très souvent l’enfant n’écoute pas ce qu’on lui répond. Il veut juste que l’adulte prête attention à ce qu’il dit.
L’émerveillement naturel de l’enfant ne lui impose en effet pas de comprendre pourquoi la lune est ronde, pourquoi il fait noir la nuit, pourquoi le soleil brille, pourquoi les oiseaux chantent, pourquoi le ciel est bleu, pourquoi la mer est parfois grise, pourquoi certains nuages passent et d’autres semblent faire du sur-place, pourquoi l’herbe est verte, pourquoi elle pousse...
Pourquoi ceci, pourquoi cela... Les premiers” pourquoi” sont des pourquoi singuliers qui n’attendent pas d’être comblés mais constituent la forme spontanée de l’étonnement émerveillé de l’enfant qui ressent pleinement le plaisir d’être vivant sans en comprendre la cause et sans en chercher la signification.
Ce n’est que plus tard, en grandissant, que l’enfant posera des “véritables pourquoi” qui, au delà de la demande d’attention positive réclament des véritables réponses qui l’aideront à comprendre et le pousseront à analyser le comment du pourquoi...
Ces pourquoi-là ne se poseront d’ailleurs pas en cascade et attendront le plus souvent patiemment une réponse.
A propos, savez-vous pourquoi les papillons volent ? C’est juste pour le bonheur de se retrouver quelque part entre le ciel et la terre, là où vivent les fleurs...
Tout l’art d’un adulte qui souhaite préserver l’aptitude à l’émerveillement de son enfant sera alors de lui répondre ce qu’il peut sans jamais pour autant éteindre complètement le mystère et en y mettant le plus souvent possible un peu de poésie, ces deux ingrédients majeurs de l’émerveillement étonné.