Pour un enfant, il parait souvent plus important, au contact de la nature, de ressentir que de savoir… Apprendre à ouvrir ses yeux pour regarder ce qu’une forêt donne à voir d’elle-même au delà de l’arbre qui cherche vainement à la cacher, à ouvrir ses oreilles pour entendre le chœur d’une aube d’oiseaux, à ouvrir ses narines pour sentir l’odeur tenace d’une rivière qui s’écoule et à ouvrir le bout de ses doigts pour sentir le murmure muet de l’écorce…

C’est sur le terreau fertile de ces impressions sensorielles que viendra le mieux se greffer la conscience écologique profonde, celle qui se manifeste chaque fois qu’il se sentira suffisamment vivant pour se sentir connecté à l’habitat naturel qui le contient.

Pour un enfant, il parait d’emblée plus évident, dans ses premiers contacts avec les autres, de les considérer comme des semblables plutôt que de percevoir les différences qui le distinguent des autres… Aucun enfant ne nait « raciste », « sexiste » ou « homophobe »… La discrimination, c’est le poison que des adultes leur transmettent en leur enseignant le mépris de classe, le rejet des races différentes et l’intolérance aux différences…

C’est sur le terrain immaculé, vierge de toute forme de discrimination que s’enracineront le mieux les mécanismes d’empathie qui invitent chacun à se montrer durablement sensible aux émotions qui traversent tous ces autres qu’il considère comme ses semblables…

Pour un enfant, il parait longtemps plus naturel, de jouer, de rêver et d’imaginer que de laisser le réel prendre résolument toute la place en asséchant, en désolant ou en dévaluant un monde imaginaire perçu comme moins important, moins valide ou moins fiable que la réalité… Les enfants ont une extraordinaire aptitude à adhérer à leur jeu en s’y jetant corps et âme, à laisser tout ce qui les entoure se nimber de suffisamment de magie et d’imaginaire pour en faire de prodigieuses sources d’émerveillement… Ce regard émerveillé ne s’expose au risque du désenchantement que par la contagion du regard d’adultes qui, par manque d’enthousiasme, auraient perdu l’excitation et la joie que procure la découverte et redécouverte d’un monde sans cesse renouvelé…

C’est sur ces territoires de pensée ouverts à l’émerveillement que viendra le mieux se construire l’imaginaire poétique à travers lequel l’être humain sera en mesure de s’opposer à l’intelligence de toutes ces machines qui ne font que singer son fonctionnement cérébral en manifestant toute leur impuissance à s’ouvrir les portes de la pensée créative…

La conscience écologique profonde, l’empathie non discriminante et l’ouverture à l’imagination créatrice…. Voilà donc les trois socles de développement essentiels avec lesquels l’enfant vient au monde…